L'ascension au dela du reel...
Mercredi 8 décembre :
Nos sacs prêts de la veille, nous comptons partir ce jour vers le mont Bromo (Java ouest). Cependant, en ce jour férié, une fête traditionnelle se prépare à Selo ; nous décidons donc une nouvelle fois de décaler notre départ au lendemain matin.
Les préparatifs rythment la journée en musique au villagealors que nous partons rendre visite au centre de bénévoles de Boyolali (à vingt kilomètres de Selo) en début d’après-midi. Les volontaires nous proposent un foot en salle d’une heure que nous ne pouvons refuser afin de redorer l’image tant ternie du football tricolore ! C’était sans compter qu’ils jouent pieds nus sur le béton, pieds en sang garantis au bout d’une heure !
Nous rentrons boitant mais triomphant à Selo pour le début des festivités, et nous apprenons qu’il sera peut-être possible d’accompagner en partie une procession qui fera le soir l’ascension du Mérapi. Grâce au soutien matériel du frère de notre hôte qui est guide, nous nous préparons un sac de montagne avec tente, couvertures, tapis de sol, parkas, nourriture et eau au cas où nous devons passer la nuit dans la montagne.
Nous partons accompagné de Wagi, notre hôte, à la cérémonie qui débute par un spectacle de danseurs traditionnels javanais, lesquels sont accompagnés par des cracheurs de feu. De manière progressive, une odeur d’encens inonde la place où les plateaux d’offrandes s’entassent. La procession continue avec l’entrée d’un plateau doré sur lequel repose une tête de buffle partiellement enveloppée dans un drap. Le spectacle est irréel.
Un long discours invoquant la clémence du volcan et la générosité de Dame Nature commence, nous en profitons donc pour diner et investiguer auprès de la police pour savoir si nous pouvons réellement suivre, ne serait-ce qu’en partie, cette ascension hors-norme.
Vers 23h30, à travers un épais brouillard, nous partons en jeep à New Selo, partie haute de Selo où débute le chemin vers le sommet, la police nous donne l’accord de nous joindre au convoi et notre chauffeur nous donne ses dernières consignes. Nous sommes onze au total à monter, dont nous seuls étrangers. Le silence règne. En tête, nos trois porteurs d’offrandes que nous avons décidé de suivre car eux-seuls connaissent parfaitement le volcan et ses dangers. D’un pas rapide, nous remontons le lit d’un torrent asséché qui parfois s’est creusé de 3 mètres dans un étroit passage où nous passons de justesse avec nos sacs à dos. Toujours devant, une main portant une lampe torche pour éclairer son chemin, l’autre pour maintenir la tête de buffle sur le sommet de son crâne, le porteur ne s’arrête qu’au bout d’une heure pour être relayé. Les retardataires, des jeunes locaux, en profitent pour nous rattraper pendant cette courte pause où nous réalisons un peu plus tout le fantastique de la situation : l’ascension d’un des plus dangereux volcans du moment du fait de ces récentes éruptions meurtrières en compagnie d’une tête de buffle.
3 heures du matin, nous arrivons sur les lieux du rituel, le dernier plateau à 300 mètres du cratère. Une vingtaine de minutes de prières à l’odeur d’encens avant d’établir notre campement pour la « nuit » protégé du vent par un énorme rocher. A peine une heure de sommeil avant de s’armer de nos appareils photos pour admirer le soleil se lever. C’est à ce moment précis, entre les premiers éclats de soleil et la dispersion des derniers amas de brouillard, que nous prenons conscience que le cratère est au-dessus de nos têtes
6h30 : nous entamons la descente Jacques et moi, cette fois de jour pour constater que les trois heures de montée la nuit précédente furent une rude épreuve. Après une heure et demi, nous atteignons New Selo, la tête remplie d’images mais surtout la satisfaction d’avoir accompli quelque chose de magique.
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